En manifestant contre « les violences et en affirmant leur fidélité aux institutions », des populations de Buea pourraient désormais se liguer contre les séparatistes. Au grand bonheur de Yaoundé qui dit tenir à l’unité du Cameroun.
Ils vont devoir renouer avec la liberté. Ce sont les huit chefs traditionnels enlevés récemment dans la ville de Buea, selon les autorités camerounaises, par les sécessionnistes. Peut-être le début d’un essoufflement des séparatistes.
À en croire des médias camerounais, la libération de ces huit chefs est intervenue mardi. Ils auraient passé plusieurs jours entre les mains de leurs ravisseurs : les sécessionnistes anglophones principaux acteurs de ce qu’on appelle désormais Crise anglophone.
Bien que les circonstances ne soient pas trop claires, notamment la manière dont s’est réalisée l’opération de sauvetage, elle est intervenue en marge d’une marche « pour la paix et la fidélité aux institutions de la République » organisée ce mardi par des centaines d’habitants de Buea.
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Les manifestants ont à cet effet condamné entre autres, « les violences perpétrées ces dernières années par des terroristes aux prétentions sécessionnistes, le sécessionnisme, la destruction de notre culture ».
Depuis son déclenchement en novembre 2016, la crise anglophone a déjà fait d’importants dégâts collatéraux. Si le nombre de séparatistes morts dans des affrontements avec la force publique n’est pas disponible jusqu’ici, au moins 84 agents des forces de sécurité et plus de 600 civils ont déjà péri du fait du conflit, selon des ONG.
Grave crise humanitaire
Par ailleurs, quelque 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences, selon l’ONU, et 74 994 se sont réfugiées au Nigeria, d’après l’agence nigériane de gestion des urgences (SEMA).
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Le gouvernement a récemment lancé un plan d’assistance humanitaire d’urgence d’environ 12 milliards de francs CFA (un peu plus de 18 millions d’euros) pour venir en aide aux personnes déplacées. Mais un plan qui pourrait devenir un coup d‘épée dans l’eau si gouvernement et séparatistes ne rassemblent pas tous les ingrédients nécessaires à une paix durable dans la zone anglophone.
C’est sans doute cette situation humanitaire des plus insupportables qui pousse les habitants des Camerounais de l’Ouest à se dresser contre les séparatistes. Le gouvernement pourrait ainsi gagner par la communication ce qu’il n’a pu obtenir par les armes : l’adhésion des Camerounais à sa vision